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Jean-Dominique Lajoux (17-08-1931)
Jean-Dominique Lajoux est originaire de l'Est de la France. En 1943, alors qu'il se trouve à cause de la guerre près de Montluçon, il assiste à une séance de photographies de mariage où il est fasciné par l'appareillage - tout en bois - du photographe local. Manifestant son intérêt pour la photographie, il reçoit, en cadeau, à treize ans un appareil de type "Box" qui lui permet de faire ses premiers travaux pratiques, mais son rêve serait de faire du cinéma. Revenu dans les Vosges, la guerre terminée, il entre en apprentissage chez un photographe à St Dié où, durant quinze mois, il apprend les rudiments du métier. Puis, ayant trouvé par annonce un emploi à Paris, il est engagé dans un studio spécialisé dans la photographie de peintres anciens et contemporains.
Lors de son service militaire de deux ans, il est affecté au Service Photographique du Service Cinéma des Armées à Ivry (94). Il y fait ses premiers reportages et se forme aux techniques cinématographiques. Envoyé ensuite en Indochine, il est attaché en Novembre 1952 au Service Presse Info dépendant du 5e Bureau de la 4e Région Militaire à Ban-me Thuot. Là, il organise un laboratoire photographique (dont les reportages servaient surtout à orner les albums photos des officiers). Avec un camion du Service cinéma aux armées, il effectue également des tournées de projection en plein air dans les postes. C'est ainsi que les habitants de certains villages montagnards verront du cinéma pour la première fois. Parmi les films projetés, Tarzan et le Tour de France étaient particulièrement appréciés.
Il découvre, à l'occasion de déplacements dans les villages Rhadé (Edé) et Mnong de la région avec le délégué de l'O.M.S. Jean-Marie Duchange, les montagnards dont il n'avait jamais soupçonné l'existence avant son arrivée sur les hauts-plateaux. Il commence alors à pratiquer, sans le savoir, des collectes de photos ethnographiques en s'appuyant sur des lectures d'ouvrages spécialisés dont le Service Presse est amplement pourvu. Son contrat terminé, il quitte l'Armée à la fin de 1953 et rentre en France en 1954.
C'est alors qu'il apprend qu'une mission d'exploration de la Nouvelle Guinée est en cours de préparation et que son organisateur recherche, pour l'accompagner, un photographe sachant filmer. La mission ne pouvant partir pour sa destination première, faute de visas, Jean-Dominique Lajoux propose de la réorienter vers les hauts-plateaux indochinois avec comme but la montagne Attawat (alors inexplorée) et ses montagnards "Poupaih".
Autoportrait de JD. Lajoux avec des Khas Sieng
dans le village de Ing Dâk en 1955
Une fois sur place, des divergences apparaissent rapidement entre "l'explorateur" Frantz Laforest, un canadien spécialiste d'aménagement de stands de foire dont la motivation principale réside dans l'obtention de documents "spectaculaires" destinés à alimenter de potentielles conférences (du genre de celles de Connaissance du Monde) et son photographe-caméraman, soucieux, suite à ses lectures d'ouvrages ethnographiques, d'enregistrer des témoignages non arrangés de la culture matérielle et de l'activité sociale des peuples rencontrés. La mission, qui a effectué un grand périple passant par le Laos, voit une séparation définitive entre Frantz Laforest et Jean-Dominique Lajoux, qui est alors remplacé par Raoul Coutard.
Jean-Dominique Lajoux, malgré l'absence de ressources, décide de rester sur le terrain où il va poursuivre son travail ethno-photographique pendant encore quelques mois, ne désespérant pas d'accéder à l'Attawat, passant chez les Sedang, les Dié et le pays Khaseng, mais sans pouvoir aller au delà, faute d'accompagnateurs qu'accepteraient de lui fournir les chefs de village. Il revient alors à Pleiku et termine par un long séjour dans le village de Plei Hytte, près de Pleiku, où il est hébergé par le chef de village Dja. Ayant acquis quelques rudiments des langues locales, il communique sans trop de difficultés avec les groupes qu'il rencontre et qui l'aident dans sa subsistance grâce à l'échange de sel. Il passe aussi, sans trop de dégats (à l'exception d'un tympan qui souffre du passage trop proche d'un mortier en train de tirer) au travers de la première guerre d'Indochine en train de se terminer, n'étant sans doute pas perçu comme un danger par les communautés qu'il visite la plupart du temps en solitaire ou accompagné d'un traducteur-assistant Sedang, H'nih puis Cyol.
Autoportrait au flash de JD. Lajoux relisant ses notes
près du foyer de la maison commune d'un village Kha Sieng en 1955
En 1956, il rentre en France et suit les cours de l'Institut d'Ethnologie dirigé par André Leroi-Gourhan au Musée de l'Homme. Il n'aura jamais l'occasion de revenir sur le terrain de l'Asie du Sud-Est et son attention se portera désormais sur la préhistoire au Sahara puis sur la vie, les travaux, les coutumes et fêtes des paysans français. Pour la suite de la carrière de JD. Lajoux, nous vous invitons à consulter la biographie du site A360.org à http://www.a360.org/jean-dominique-lajoux.htm.
Il se repenchera sur ses productions montagnardes lors de la publication en 1977, dans la nouvelle collection Les jours de l'homme au Seuil, de Le tambour du déluge - Villages des montagnes d'Indochine, un livre où il associe à une importante iconographie, un texte décrivant la vie quotidienne des peuples visités et s'élevant contre la destruction de leurs cultures par tous leurs colonisateurs.
Le tambour du déluge - 1977
Villages des montagnes d'Indochine
Il estime sa production chez les Montagnards à moins de 1000 m de pellicules (30 boîtes dont certaines à jamais disparues ou détruites lors de projections répétées dans le cadre des conférences de F. Laforest. Subsistent encore les séquences filmées : "Le Sacrifice du chien", "Potiers Sedang", "Le tissage", "Longue marche en pays Moï") et un millier de photographies, pour lesquelles il utilise principalement un Rolleiflex 6x6. Il réalise également quelques enregistrements sonores, dont certains ont été publiés dans le 33tours 17cm Musique Proto-Indochinoise BAM LD326.
MUSIQUE PROTO INDOCHINOISE
recueillie chez les Moïs des Hauts-Plateaux
MISSION FRANTZ LAFOREST
Pour terminer, notre photographe a aussi permis à certains des musées les plus réputés de la place de Paris de posséder quelques objets qui ont acquis un statut emblématique, tel cet épouvantail provenant du village Jeh de Peng Sial Peng au nord-ouest de Kontum récolté lors de son périple. Celui-ci a été donné au Musée de l'Homme en 1956 par F. Laforest qui l'avait obtenu de JD. Lajoux lors des tractations consécutives à leur séparation. Il a, par la suite, fait la couverture d'un catalogue d'une exposition consacrée aux "objets montagnards" du Musée de l'Homme, puis a été retenu pour faire partie d'une liste d'objets remarquables exposés au Musée du Quai Branly (voir l'Épouvantail de Branly). On le reconnaît aisément sur cet autoportrait datant de 1955/56, pris dans la chambre de l'auteur à la plantation de la Cateca, près de Kontum, qui jouait alors le rôle de base arrière à JD. Lajoux.
Pour contacter Jean-Dominique Lajoux, envoyez un courrier à :