L'affection d'un enfant des hautes terres pour sa langue maternelle
L'affection d'un enfant des hautes terres pour sa langue maternelle
- “Peux-tu parler ta langue maternelle ? - Non, je parle seulement vietnamien”
Extrait d'une de mes conversations avec une collègue – fille de montagnards Sédang (une des minorités ethniques du centre Vietnam).
- “Je peux bien parler ma langue maternelle, mais je ne sais pas l'écrire” (la réponse d'un de mes élèves).
Ceci, je l'ai entendu non seulement de gens de mon village mais aussi de bien d'autres. Je constate que le mouvement actuel d'intégration nationale et de développement a pour conséquence l'affaiblissement des langues des minorités ethniques du Vietnam. De nos jours, la jeune génération, moi y compris, nous mélangeons notre langue maternelle avec du vietnamien. Plus grave, la majorité des jeunes “montagnards” ne savent pas écrire leur propre langue. C'est un constat désolant.
Pour autant que j'en sache, de nombreux jeunes pensent qu'il est souvent plus pratique d'utiliser le vietnamien pour communiquer ou sur le lieu de travail. Je constate l'ampleur de cette inconscience chez la jeunesse d'aujourd'hui. Un exemple pénible dont je peux témoigner personnellement : deux personnes parfaitement capables de se parler dans leur langue maternelle, mais qui n'osent pas le faire par peur d'être méprisées en tant que minorités ethniques. Par ailleurs, la faute en revient aussi aux écoles comme celle où j'enseignais ; le système scolaire forçant les élèves à parler tout le temps vietnamien. En effet, les autorités scolaires expliquent que les élèves ont besoin d'améliorer leur niveau dans cette langue. Mais ceci a plus d'un effet négatif au-delà de l'oubli de leur langue maternelle. Bien qu'en désaccord à l'époque, je n'ai pas pu faire grand-chose.
Fête où l'on boit pour célébrer la construction des fondations et de la structure d'une nouvelle maison. C'est un moment heureux où les gens parlent, chantent et dansent ensemble.
Enfant des hautes terres du Vietnam central, je suis très heureuse d'avoir démarré ce blog où s'exprime la langue bahnar. Et je veux partager mon bonheur avec vous. Grâce à ce travail, grâce aux gens qui m'ont toujours soutenue, je me rends compte des problèmes auxquels ma langue maternelle et ma culture sont confrontées. En faisant ça, je me réalise : j'essaie d'écrire sans utiliser le Vietnamien de manière inappropriée ; j'apprends des mots anciens inconnus de la jeune génération, qui les remplacent par leurs équivalents vietnamiens. J'essaie d'écrire ma langue maternelle, ce qui est rarement pratiqué. De plus, j'apprends une langue plus répandue, de la minorité ethnique Bahnar. J'ai choisi d'écrire en Bahnar pour écrire ce blog parce que j'appartiens à un groupe plus petit, fortement influencé par les Bahnar et parce que plus de gens comprennent leur langue que la mienne.
Un vieux Sédang parlant à des visiteurs au sujet de son ancien village
Avec ce blog, ma première intention est de protéger une langue proche de la mienne. Deuxièmement, je ressens le besoin d'éduquer mes enfants ; pour préserver leur culture, les gens doivent d'abord apprendre leur langue à leurs enfants. Si, déjà au niveau familial, les parents et grand-parents ne préservent pas consciemment leur langue en en faisant pas une utilisation quotidienne avec leurs enfants et petits enfants, personne ne pourra faire revivre cette langue. Troisièmement, je veux partager l'information sur ma langue, ma culture, mon groupe ethnique avec tous ceux qui pourraient être intéressés.
Alors, j'écris pour moi-même et mes enfants, j'écris pour mon groupe ethnique, j'écris pour tous ceux que la langue bahnar intéresse. Si vous pouvez m'aider dans cette tâche, je vous en serai reconnaissante. Encore une fois, j'ai besoin et apprécie grandement votre aide.
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