Les images et leur point de vue

3 - Introduction...    4 - Un point de vue occidental    5 - Difficultés d'un sujet    6 - Représenter le "sauvage" ?

4/6 - Un point de vue occidental
 
    Les documents présentés (ou simplement indexés) sur ce site sont d’époques et d’origines variées. Une caractéristique les unit toutefois ; à l’exception de quelques vidéos récentes diffusées sur le site http://www.youtube.com et réalisées au Viêt-Nam pour promouvoir des artistes issus des communautés montagnardes, elles ont été faites (et diffusées) par des Occidentaux (ou des vietnamiens ou des chinois travaillant pour des commanditaires européens) pour un public occidental. On ne s’étonnera donc pas qu’elles témoignent d’une vision « orientée » ; constat qui n’induit aucun jugement sur leur valeur de témoignage, artistique ou tout simplement humain. Et l'on peut aussi postuler imaginairement que si les Montagnards étaient les auteurs de la majorité des images de ce site, les spectateurs occidentaux que nous sommes aurions du mal à comprendre des documents composés selon des codes de représentation fort différents des nôtres 1 .
 
   Des origines variées, ensuite ; depuis des dessins ou gravures illustrant des articles de presse, parfois uniquement réalisés à partir de descriptions textuelles, jusqu’à des sections de films montées dans un esprit ethnographique, en passant par des clichés à visée exotique voire érotiques prises dans un contexte colonial. Tout aussi divers quant aux auteurs : du simple touriste qui prend une photographie alors qu’il traverse les hauts-plateaux au document de l’ethnologue qui a consacré sa vie à l’étude de ces populations en vivant parmi elles de nombreuses années.

   Ainsi, à l'heure où l'on intègre des ethnographes non professionnels, tels les missionnaires, les militaires et autres administrateurs coloniaux dans la production ethnographique, pourquoi ne pas intégrer les photographes ? Certains d'entre eux ont pourtant ressenti la nécessité d'aller plus loin, de traverser le miroir de leurs images pour appréhender une réalité qui les interrogeait voire les remettait en question, eux et leurs photographies.
 

Frise de toit d'une tombe - Jean-Dominique Lajoux
Éloge funèbre - Frise de chevaux, éléphants et cavaliers,
motifs décoratifs symboliques sur un toit de tombe - JD.Lajoux



1 - De même qu’il est difficile à une personne extérieure - occidentale ou vietnamienne - aux cultures des hauts-plateaux d’appréhender la signification profonde des motifs décoratifs symboliques qui recouvrent de nombreux objets produits par les Montagnards (tel les motifs de « joues de tigre » ou « bec de calao » décrits dans la littérature ethnographique), de même il fallut du temps aux peuples montagnards pour s’accoutumer – ou simplement lire -, les productions « ultra-réalistes » que constituent les épreuves photographiques qui parvenaient entre leurs mains (et ce tardivement, puisqu’il fallut attendre la généralisation du support papier). C’est ainsi que certains groupes, comme les Jeh (ou Dié) rencontrés au milieu des années 50 du XXe siècle par JD. Lajoux, aux alentours de Dak To, ne « lisaient » pas spontanément des photographies les représentant. Réf. L'homme devant ses images - Jean-Dominique Lajoux - in Le Photographe du 5/05/1975.
Jean-Pierre Chazal - Tous droits réservés 2010